Appui pour une gouvernance inclusive : Le point sur la mise en œuvre de notre stratégie au Ghana et au Sénégal

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Le programme Équité de genre et gouvernance (GEG) de la Fondation Hewlett soutient un ensemble diversifié de penseurs créatifs et de résolveurs de problèmes qui travaillent à construire une société inclusive où chacun — en particulier les femmes et les filles — peut s’épanouir.

En avril 2022, le programme GEG a lancé notre stratégie de gouvernance inclusive (IG). Depuis lors, nous avons concentré nos efforts sur la mise en œuvre de la « nouvelle » stratégie à travers l’octroi de subventions et des activités au-delà de ces subventions qui comprenaient de multiples visites pays, la publication de blogs et d’entretiens, l’organisation et la participation à des rencontres, la facilitation de collaborations entre nos partenaires, etc. Il est important de noter qu’entre le lancement de la stratégie et ces activités de mise en œuvre, nous avons élaboré ce que nous appelons communément des « plans de mise en œuvre pays ». Ce blog partage les conclusions des plans de mise en œuvre pays pour le Ghana et le Sénégal, la manière dont nous les utiliserons et les prochaines étapes de la stratégie IG. Un blog similaire axé sur notre travail au Kenya et au Mexique sera publié plus tard cette année.

Les Plans de mise en œuvre pays : que signifient-ils ?

Un aspect crucial de notre stratégie impliquait l’élaboration de plans de mise en œuvre pays — une approche sur mesure pour contextualiser la théorie du changement en fonction des besoins, des défis et des opportunités propres à chaque pays. Juste après le lancement de la stratégie IG, nous avons commandité des consultations dans chacun de nos quatre pays prioritaires : le Ghana, le Kenya, le Mexique et le Sénégal[1]. La portée du travail a consisté à rassembler des informations générales pertinentes par pays, puis à cocréer les plans de mise en œuvre pays avec notre équipe. Dans le cadre de notre objectif de transférer davantage de ressources et de pouvoir vers ces pays, nous avons pensé qu’il pourrait être contradictoire avec les valeurs et les principes directeurs de la Fondation Hewlett de mettre en œuvre automatiquement une stratégie globale qui a été principalement coordonnée depuis notre bureau de Menlo Park, peu importe à quel point le processus de conception de cette stratégie fut inclusive. Nous avons donc collaboré avec des consultants locaux qui se sont directement engagés auprès des acteurs du changement et des porteurs de voix sur le terrain pour aider à produire les quatre plans de mise en œuvre pays.

Tout d’abord, nous avons travaillé en collaboration avec nos partenaires consultants pour recueillir des informations générales par pays, afin de répondre à des questions telles que les suivantes : Quelles populations ont été historiquement marginalisées ou mal desservies dans chaque pays ? Dans quelle mesure les gouvernements des pays sont-ils réceptifs aux besoins et aspirations de ces populations ? Pourquoi ? Quelles sont les normes de genre dominantes et les dynamiques de pouvoir en jeu ? Comment les populations mal desservies expriment-elles actuellement leurs besoins et leurs aspirations dans chacun des pays ? Quels mouvements, coalitions, forums existent ? Lesquels sont utilisés ? Ensuite, les consultants nous ont aidés à cartographier les acteurs existants, y compris les pairs bailleurs de fonds, les partenaires bénéficiaires actuels et les partenaires bénéficiaires potentiels ; à définir où sont les opportunités de partenariat et comment tous ces acteurs sont-ils organisés aux niveaux mondial, national et infranational.

Enfin, sur la base des réponses aux questions ci-dessus, nous avons co-développé des plans de mise en œuvre pays de la stratégie IG qui décrivent à quel changement nous pouvons contribuer de manière réaliste dans un délai de cinq ans, compte tenu des spécificités des pays et de notre budget d’octroi de subventions, quels types de partenariats pourrions-nous envisager de continuer à soutenir ou à développer au fil du temps et avec quel niveau de ressources, à quoi ressemblerait le succès dans chaque pays et quels sont les risques spécifiques à chaque pays et nos stratégies d’atténuation.

Qu’ont révélé les plans de mise en œuvre pays ?

Les quatre plans de mise en œuvre par pays ont chacun fourni des orientations détaillées sur comment, quoi, où et qui financer dans chacun de nos pays prioritaires. Cependant, nous n’avons pas l’intention d’utiliser ces informations comme dogmes pour guider nos octrois de subventions. Nous les utiliserons plutôt comme des lignes directrices souples et flexibles pour éclairer nos processus décisionnels et identifier de nouveaux partenariats ou poursuivre ceux existants qui contribuent à faire progresser nos objectifs communs.

Au Ghana, six groupes principaux ont été identifiés comme historiquement mal desservis. Ces groupes se chevauchent de manière intersectionnelle car ils se situent à la confluence de nombreux facteurs d’exclusion, notamment les inégalités sociales, la situation géographique, le contexte structurel et politique et les relations de pouvoir. Les groupes mal desservis qui ont été identifiés comprennent les paysans/petits exploitants agricoles, les commerçantes, les femmes rurales, les jeunes, les personnes handicapées et le groupe ethnique peul. En outre, le plan national de mise en œuvre du Ghana a révélé des opportunités intéressantes pour l’équipe IG de Hewlett, telles que le partenariat avec des initiatives philanthropiques locales pour coordonner le soutien à long terme aux organisations et mouvements émergents, le renforcement des capacités des organisations locales ainsi que des intermédiaires de subvention pour qu’ils puissent à leur tour soutenir les plus petites organisations locales à travers le pays, les appuis autour de moments et d’espaces clés de rencontres qui attirent l’attention nationale sur les besoins et les aspirations des populations mal desservies, la coordination avec d’autres donateurs autour d’opportunités de cofinancement pour soutenir des problèmes similaires dans certaines des régions les plus pauvres au nord du pays.

Au Sénégal, les populations historiquement mal desservies identifiées par nos consultants sont principalement situées dans les zones frontalières et enclavées, les zones rurales et les grandes banlieues autour de la capitale Dakar. Il s’agit principalement de : paysans/petits exploitants agricoles, femmes rurales pauvres et sans terre, personnes handicapées, minorités ethniques dans les régions du sud et de l’est du pays, groupes déplacés dans les zones de conflit dans les régions du sud et anciens rapatriés de la Mauritanie dans les régions du nord, et des travailleuses du sexe. En plus d’identifier les critères d’octroi de subventions qui nous aideraient à atteindre les bénéficiaires potentiels les plus pertinents, nos partenaires consultants au Sénégal ont trouvé de grandes opportunités dans le renforcement organisationnel et institutionnel des OSC et des coalitions, en promouvant les initiatives locales en faveur des populations mal desservies, le renforcement des capacités des médias indépendants et pluralistes, y compris les radios communautaires, le renforcement de la collaboration entre les médias et les populations mal desservies, et le développement de mécanismes participatifs et consultatifs sur les politiques publiques au niveau infranational pour contribuer à accroître l’accessibilité des populations mal desservies aux informations gouvernementales clés.

À quoi ressemble la mise en œuvre ?

Voici quelques exemples — parmi tant d’autres — de comment les plans de mise en œuvre pays au Ghana et au Sénégal éclairent la façon dont nous équilibrons nos subventions entre les différents objectifs intermédiaires (résultats) de la stratégie IG pour promouvoir les efforts des populations mal desservies afin de rendre les gouvernement plus efficaces et réactifs à leurs besoins.

Au Ghana, nous disposions déjà d’un solide portefeuille d’organisations partenaires travaillant sur l’utilisation de l’information, notamment CDD-Ghana, Advocates for Community Alternatives (ACA) et Ghana Anti-Corruption Coalition. De même, nous avons réalisé des progrès significatifs dans le soutien aux médias pluralistes et indépendants grâce à notre partenariat avec la Media Foundation for West Africa. Cependant, nous avons une expérience peu significative et limitée dans le temps dans le soutien aux mouvements de plaidoyer locaux à travers la campagne IAmAware et le travail pilote de l’ACA à Donkro Nkwanta. Aujourd’hui, grâce à notre partenariat avec la Fondation STAR-Ghana, nous contribuons à accroître la résilience et les ressources des mouvements, des coalitions et des organisations membres pour remédier aux contraintes systémiques qui empêchent les communautés mal desservies d’accéder à des biens et services publics de qualité. Dans la région nord du pays, notre nouveau partenaire Norsaac et ses alliés renforcent le plaidoyer en faveur de la représentation des voix des jeunes et des femmes dans les processus et structures de gouvernance, y compris dans les zones rurales.

Au Sénégal, notre partenaire de longue date, ONG-3D, a amélioré l’accès des citoyens aux informations budgétaires nationales et a expérimenté des mécanismes pour l’engagement des citoyens dans les processus gouvernementaux locaux. Tandis que nous diversifions et approfondissons notre empreinte dans la participation des groupes marginalisés à la gouvernance économique locale au Sénégal en partenariat avec ALPHADEV, Enda ECOPOP, Y’en a Marre et CAJUST ; nous avons commencé à renforcer les capacités des radios communautaires avec l’URAC pour créer des espaces de dialogue inclusif entre les communautés mal desservies et les décideurs politiques locaux. Notre partenaire intermédiaire IBP-Sénégal soutient désormais les mouvements sociaux et les coalitions pour réaliser leur vision consistant à garantir que la gouvernance fiscale et les systèmes de prestation de services sociaux soient plus inclusifs, réactifs et redevables face aux besoins des groupes historiquement exclus, en particulier les femmes et les filles.

Quelle est la suite ?

Maintenant que nous terminons la deuxième année de mise en œuvre de la stratégie IG, nous avons commencé à rechercher un consultant pour nous aider à élaborer et à mettre en œuvre un plan de progrès, d’évaluation, de redevabilité et d’apprentissage (PEAL) pour tous les niveaux de travail de la stratégie, y compris le niveau mondial, le niveau régional en Afrique et dans nos pays. Plus précisément, le consultant facilitera la co-création d’une approche PEAL à l’échelle de la stratégie ; élaborera des indicateurs et des récits de changement spécifiques au pays sur la base des contributions des bénéficiaires, gèrera le processus de collecte de données PEAL et collectera les contributions, y compris auprès des bénéficiaires actuels dans nos pays, et rassemblera des données de référence. Ces informations nous aideraient plus tard à prendre des décisions éclairées et à ajuster le cap si nécessaire. D’ici la fin février de cette année, nous prévoyons de signer un contrat avec le consultant PEAL qui sera sélectionné et de commencer à contacter nos bénéficiaires et partenaires pour collecter des informations et collaborer avec eux dans ce processus.

Comme toujours, n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez en savoir plus sur nos plans de mise en œuvre pays ou si vous avez des questions à nous poser.

Ousseynou Ngom, Responsable de programme, Équité de genre et gouvernance, Fondation Hewlett

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Hewlett Foundation's Inclusive Governance Team

Updates from the Hewlett Foundation’s Inclusive Governance team. Part of our Gender Equity & Governance Program https://hewlett.org/